samedi 5 mai 2007

REFERMER LA PAGE POUR MIEUX LA ROUVRIR


C’est avec un pincement au coeur que j’ai quitte l’Inde et j’ai du mal a tourner la page de cette magnifique aventure.
Elle aura été un feu d’artifice visuel, olfactif et gustatif. Elle m’aura offert l’horrible et le sublime, jamais le médiocre. Et même l’ordinaire aura été extraordinaire.
Je l’ai profondément aimée même si le temps d’un instant elle m’aura parfois révoltee, agacee, même si parfois ses escrocs minables m’ont brises les nerfs, j’y ai rencontre des gens charmants, une culture fascinante qui m’ont fait bien vite abandonner ma colère.
Mon imagination y aura été sollicitée à chaque instant. J’y aurai retrouve mon âme d’enfant car ici les individus baignent dans une chaleur matricielle et l’immaturité n’est pas une tare mais un mode d’être social et tout participe a cette régression, on mange avec les doigts, on vit pieds nus, on joue a la dînette avec les savoureux thalis. Alors je tourne doucement la page et la rouvrirai a une autre occasion (l’adage ne peut que se vérifier !). Et j’espère que mes autres aventures certes différentes seront à la hauteur de ce que j’ai vécu ici.

lundi 30 avril 2007

QUAND LA MORT ET LA VIE SE COTOIENT INTIMEMENT





Un long trajet m'attend pour gagner Varanasi, je n'ai certes pas choisi le plus direct et le plus simple puisque je dois rejoindre Gwalior en train, et de Gwalior reprendre un autre train pour ma destination finale.
Sur la 2nde partie du parcours je voyagerai avec une famille hyper equipee. Ils avaient tout prevu et une fois le train parti sortent les gamelles, assiettes et le repas. Le pere m'invite gentiment et quand je descends de mon 3eme etage ( j'ai le 3eme lit superpose) plus rien. Je patiente mon bouquin a la main esperant que dans le fond de la casserole il restera bien quelque chose... Que neni! Je ne dinerai donc pas ce soir et remonterai sur mon perchoir en esperant y trouver le sommeil (ca fait passer la faim). 20h plus tard VARANASI, l'une des villes les plus saintes de l'Inde et l'une des plus anciennes cites du monde.
Son histoire remonte a 1400av JC et son essor au VIIIeme s mais il n'en reste rien puisque les Afghans la detruisirent vers 1300 puis ce fut au tour de l'empreur moghol Aurangzeb de piller et raser tous les temples.
Et pourtant Varanasi est une ville magique ou les ghats qui bordent le Gange offrent un spectacle de tous les instants aux visiteurs.
Les perlerins hindous viennent y laver leurs peches, accomplir une puja au lever du soleil ou au crepuscule, bruler leurs morts ou encore deposer une offrande dans le fleuve.
Et puis il y a aussi les riverains qui eux viennent laver leur linge, faire leurs ablutions, s'y baigner, se faire raser, jouer au cricket, faire la sieste ou bavarder.
Les buffles quant a eux viennent s'y rafraichir, les chevres se degourdir les jambes et les vaches lezarder pres de l'eau.
Tout le monde cohabite dans un esprit bonne enfant et ca ne choque personne sauf peut etre nous, occidentaux, de se baigner ou de faire secher son linge pres d'un bucher.
Je passe quant a moi la plus grande partie de mes journees a arpenter les ghats, fascinee par le spectacle, envoutee par l'atmosphere, les yeux equarquilles pour garder en memoire ces fabuleux moments. Exception faite hier matin ou j'ai eu la chance d'assister a un concert de musique classique donne dans un magnifique hotel a quelques encablures de ma guest house decrepite et miteuse. Tablas et harmonium accompaignaient une chanteuse a la voix cristalline, semble t-il tres connue : Smt SucharitaGupta (s'il y a des connaisseurs).
La petite salle intime et confinee, remplie par des connaisseurs, donnait a l'evenement un caractere encore plus exdraordinaire et c'est avec le son magique des tablas qui resonne encore dans ma tete que je vous ecris.
Coincidence amusante c'est a Varanasi que le chapitre de l'Inde se cloture et que celui du Nepal s'ouvre puisque je pars demain matin (si tout va bien car je devais deja partir hier) pour Sunauli a la frontiere et apres demain pour Pokhara au Nepal.

jeudi 26 avril 2007

QUAND L'AMOUR DICTE LES CHOSES ...

Agra, une ebullition permanente y regne, des ruelles congestionnees en permanence dans le quartier de Taj Ganj ou je loge avec comme fond sonore les incessants klaxons, et vendeurs en tout genre qui vous sollicitent a chaque instant.

Elle est aussi indissociable du Taj Mahal qui est lui meme devenu l’embleme touristique de l’Inde. Un monument archi connu et malgre ca quand on l’apercoit apres avoir passe les 2 portes un sentiment ineffable vous envahit.

L’architecture du monument fait de marbre blanc est d’une purete extraordinaire. Et son origine baignee par une belle histoire d’amour lui confere une magie supplementaire.
L’empreur Shah Jahan brise par le deces de sa 2nde epouse apres avoir mis au monde son 14eme enfant fit construire le mausolee afin que celle ci repose en paix. Et il ne lesina pas sur les moyens : 20 000 ouvriers participerent a la construction, des experts furent amenes d’Europe, des milliers de pierres semi-precieuses furent utilisees, … a tel point que sa construction dura plus de 20 ans.

Agra c’est aussi Akbar le grand, un grand empreur moghol epris de justice et celebre pour sa tolerance envers les autres religions. Et pour mette en pratique sa philosophie le Din-i-Ilahi il s’entoura d’epouses Hindous et Chretiennes, abolit l’impot sur le pelerinage auquel etait soumis les Hindous et fit eriger une « cite parfaite » dans le desert de Fatehpur Sikri veritable symbole du Din-i-Ilahi. Parfaite oui mais le manque d’eau malgre d’ingenieux systemes d’irrigation pousserent les habitants a deserter la cite apres la mort d’Akbar.
Aujourd’hui la cite fantome se visite et offre une spectacle architectural magnifique.
On trouve egalement a Agra :

- d’autres tresors comme le fort de gres rouge construit par Akbar, de magnifiques mausolees

- et d’autres voyageurs croises precedemment a Bundi.

En revanche ce que l’on trouve plus difficilement c’est un billet de train pour Varanasi ma prochaine destination avant de rejoindre le Nepal, son calme, sa fraicheur et sa tranquilite !!! Vous aurez devine a quoi j’aspire….

mardi 24 avril 2007

COUP DE COEUR

BIKANER je vous avais dit que j’allais vous en parler il faut juste savoir patienter …
Etape importante sur les routes caravanieres, c’est une ville assez peu touristique et par consequent beaucoup plus authentique. Rares sont ceux qui s’y aventurent et trouver ses reperes avec les panneaux en Hindi releve du defi.
La curiosite ici c’est le celebre Karni Mata Temple a 30km. Un des sanctuaires les plus etranges du pays puisque l’on y venere des rats sacres. Les devots leur apportent de la nourriture et se massent devant une petite ouverture en y esperant voir un rat blanc signe de chance. Moi aussi j’ai essaye mais l’odeur insoutenable m’a bien vite decouragee. Une 2nde chance vous est offerte si vous ne voyez pas de rat blanc et qui consiste a manger un prasaad (offrande sacree) couverte de salive de rat. Pour ma part j’irai chercher la chance ailleurs.
Bikaner c’est aussi la poussiere, un fort, une vieille ville, des petites rues etroites et bosselees mais dans un contenant qui manque quand meme un peu de charme. Je n’y suis donc passee que 2 jours et ai ensuite gagne PUSHKAR.
Haut lieu de pelrinage, c’est egalement ici que tous les ans se deroule la celebre foire aux chameaux. Elle attire de nombreux toutristes tout au long de l’annee en quete de spriritualite. Il y regne un subtil melange entre religiosite et tourisme. Certains occidentaux ont meme elu domicile a Pushkar et adoptent la « Sadhu attitude » enfin du moins une partie, les dread, des guenilles en guise de vetements mais poussent ils la demarche jusq’au bout ? J’en doute en tout cas la population voit d’un mauvaise œil quand l’occidental devient le miroir de ce qui se passe ici.
La ville est des plus agreable avec sa situation privilegiee puisqu’en lisiere du desert elle est entouree par des collines et entoure elle meme un lac. L’absence de rickshws en raison de l’etroitesse des rues lui confere une ambiance de village ou l’on se deplace majoritairement a pieds. L’atmosphere et d’agreables rencontres me poussent a prolonger mon sejour ici. Temples hindous, balade dans les champs de fleurs qui servent au pujda (priere), procession pour la celebration d’un mariage chaque jour reserve une precieuse surprise.
Apres donc 4 jours passes a Pushkar, j’ai repris la route pour BUNDI.
Un vrai coup de cœur ! Cette petite ville c’est :
- des maisons de toutes les couleurs melangeant des camaieux de bleus, vert emeraude, rose,
- des gens hospitaliers et d’une infinie gentillesse qui vous accueillent volontiers pour deguster un Tchai et des sucreries au lait.
- un palais adosse a la colline ou subsistent des peintures murales de toute beaute.
Bref un endroit ou il fait bon se perdre dans ses ruelles car au coin de la rue une porte est ouverte et l’on vous y attend avec un tchai.
Je suis arrivee aujourd’hui a Agra mais le temps de m’en impregner je vous livrerai mes impressions demain.

samedi 14 avril 2007

REMONTER LE FIL DU TEMPS




Un cruel manque d'inspiration, le temps de me familiariser avec l'Inde, les légendaires coupures d'électricité (c'est la 2nde fois que je refais ce post en espérant que l'adage ne se vérifiera pas cette fois ci) et le very very slow débit de leur café internet. Il est maintenant temps de vous raconter un peu mes aventures indiennes.
Le parcours a débute a Amhedabad, une des principales métropoles de l'état du Gujarat (d'ou est originaire Gandhi)
Une ville qui malgré une circulation dantesque, la pollution et le bruit possède un charme certain comme la vieille ville et ses ruelles labyrinthiques, les maisons de bois sculptées qui tombent en décrépitude, les magnifiques mosquées datant du XVe s dont certaines avec des jalis d'une finesse incroyable.
L'immersion ne s'est pas faite sans mal, au début on a envie de fuir cette marée humaine, le cahot ambiant. L'Inde est un ensemble incohérent avec tant de niveaux sociaux, de complexité mentale, de règlements publics ou secrets, de réalités imaginaires qui demandent d'aborder ce pays avec candeur, de se mêler a la foule de s'y perdre.
Apres l'état du Gujarat très bref, le Rajasthan : Udaipur, toute droite sortie d'un conte fantastique.
Autour d'un lac enserre par les collines la ville blanche est magique et tout ici participe a créer cette ambiance si particulière:
- le dédale de rues dans la vieille ville,
- les palais des maharajas,
- son lac et ses ghats,
- ses minuscules échoppes ou l'on tient a peine debout et ou l'on vous accueille sur un matelas, servant aussi aux heures chaudes a la sieste du tenancier.
- et bien évidemment le city Palace, ancien palais ou les maharajas se sont succèdes.
Il est imposant, majestueux, digne des 1001 nuits.
Fin de la parenthèse enchantée direction Jodhpur, la cite bleue (8/04/07).
Bleue car il semblerait que cette couleur chasse les insectes et a des vertus rafraîchissantes (nous ne devons pas avoir la même notion du rafraîchissant ce qui est certain c'est que la chaleur y est accablante).
Ce que l'on vient voir a Jodhpur outre la ville, c'est sa citadelle juchée sur une colline a 130m elle veille sur la ville en contre bas. Le maharaja a l'époque du déloger un ermite pour établir la citadelle et son palais. Mécontent ce dernier prédit que le fort manquerait d'eau. Pour conjurer ce sort un homme se porta volontaire pour se faire enterrer vivant. L'histoire de plus de 5 siècles de cet endroit fabuleux recèle d'anecdotes aussi terrible que celle ci.
Quant a la ville c'est le cahot le plus complet il faut serpenter entre les rickshaws, les motos, les vaches a profusion qui se promènent avec nonchalance sans craindre pour leur vie alors que pour moi marcher dans la rue est un challenge de tous les instants.
Marche aux épices, aux fruits et légumes, les étales se succèdent sans fin près du quartier de l'horloge et on ne peut que s'y attarder, flâner. Escale aussi a l'omelette shop que tient Vicky un jeune entrepreneur qui a monte sa baraque a oeufs il y a 3 ans et qui avec un sourire charmeur et sa curiosité immodérée pour la vie des touristes vous fait passer un excellent moment assis dans la rue sur un vieux tabouret en plastique a déguster sa fabuleuse cheese massala omelette.
Puis direction Jaisalmer qui, aux confins du désert du Thar, apparaît telle un château de sable sorti d’une fable au milieu de nulle part.
Autrefois important comptoir commercial sur la route de la soie, elle prospéra en imposant une taxe aux caravanes de chameaux, aujourd’hui c’est grâce aux touristes qui viennent en masse visiter sa citadelle et s’aventurer dans le désert. Ce que bien évidemment j’ai aussi fait. 2 jours a dos de chameaux et une nuit magique a dormir sous un ciel etoile perchee sur les dunes de sable. Moment impérissable avec 5 autres partenaires de route.
L'etape suivante est Bikaner (14/04/07) ou je viens tout juste d’arriver et vous livrerai mes impressions dans quelques jours…

vendredi 6 avril 2007

LES SENS EN EVEIL





J'ai vu :
- Des enfants qui semblent jouer mais qui ne font que travailler
- Des femmes de blanc vetues portant un balai pour caresser les insectes sur leur passage et les chasser de leur route sans leur oter la vie. (pratiques courantes chez les adeptes du Jainisme).
- Des sadhus aux ports altiers.
- Des saris chatoyants
- Un homme digne d'un des personnage de Freaks dont la moitie du visage pendait jusqu'a l'epaule.
- Des lits installes sur le trottoir pour les plus chanceux des malheureux.
- Les bains matinaux des indiens ou l'on vient laver son linge en famille sur les ghats.
- Des nettoyeurs d'oreilles avec des cottons tiges plus longs qu'un bras.
J'ai senti mille odeurs :
- Celle incroyable des fleurs que l'on donne comme offrande, ou que l'on se met sur le visage en guise de parfum.
- Celle repoussante des detritus qui se decomposent au soleil.
- Celle ennivrante de l'encens qui brule pour les divinites.

Mes sens sont en eveil ca y'est je suis en Inde!

S'ATTENDRE A L'INATTENDU

Tout à tour tu fascines, envoûtes, rebutes, dégoûtes, tu ne laisses jamais indifférent. Ceux qui t'ont aimée reviendront sur ta terre même si ta pauvreté est révoltante, ton administration éxaspérante, ta densité humaine suffocante. Tu attires comme un aimant, tu recèles de merveilles mais jamais tu ne te livres totalement gardant cette part de mystère qui nous fait vaciller jusqu'à perdre nos repères.
Bienvenu en Inde!